Sergio AMIDEI

 

Né le 30 octobre 1904 à Trieste, Italie

Décédé le 18 avril 1981 à Rome, Italie

 

 

Scénariste, 1er assistant réalisateur, dialoguiste, producteur.

 

 

 

Biographie :

 

Sergio Amidei, pseudonyme de Sergio AMADEI, est considéré en Italie, après Cesare Zavattini, comme "le père du néoréalisme" italien dans son oeuvre de scénariste dont il faut rappeler que cette stylistique cinématographique  "néoréaliste" est née à la fin de la guerre, en 1945 et qu'elle s'est achevée en 1955.

 

Né de Ludovic Amadei et d'Amalia de Bartolomei, descendante d'une famille noble, il passe toute son enfance à Trieste, dans une grande villa du Salcano où ses parents reçoivent beaucoup de monde du milieu bourgeois. A la fin des années 1920, accompagné de sa mère et sa soeur (Eva, qui décèdera peu d'années après de la tuberculose) il va poursuivre des études à l'Université de Turin.

 

C'est dans la cité lombarde qu'il fréquente pour la première fois le monde du cinéma grâce à un ami photographe du nom d'Azzolin qui lui propose, pour gagner un peu d'argent, de faire de la figuration au cinéma. Pour quarante lires, il devait mettre une espèce de soutane en poils de chèvre avec dans le dos, une queue à ressort pour interpréter le rôle du diable.

 

Il commence véritablement sa carrière cinématographique en 1924, avec l'exécution de divers travaux pour une société de production, les "Studi FERT". Il participe aussi comme figurant à quatre "péplum", les fameux "Maciste" de 1924 à 1926 (version muette) dont les titres seront repris en "remake" durant la première moitié des années 1960.

 

"Sergio est un homme généreux et extrêmement curieux, de caractère volcanique, et, pour utiliser un terme passé de mode, d'érudition considérable" *. Il se décrit lui-même comme "rebelle à l'autorité de l'Etat". Au début de cette première expérience cinématographique, Sergio Amidei en profite pour toucher un peu à tous les métiers du cinéma: apparitions figuratives,  accessoiriste, aide metteur en scène, jusqu'à la collaboration de quelques sujets de scénarii. Aux premiers films de Maciste succède bientôt la collaboration aux oeuvres plus ambitieuses de Béatrice Chiffons, 1926 dans "Les derniers tsars" (1928), "Les deux de Baldassarre Negroni", "Le carnaval de Venise", (1927) et "La compagnie des fous" (1928) du metteur en scène Mario Almirante. C'est justement avec ce dernier qu'il a collaboré à la rédaction du scénario du film "Le Transatlantique", (1925), de Gennaro Règles.

 

Alors que l'âge d'or du cinéma muet italien arrive à sa fin, Sergio Amidei pressent l'importance des techniques nouvelles du cinéma sonore et s'investit dans des expériences puis dans la conception de techniques sonores destinées au cinéma parlant. Toujours associé au réalisateur Mario Almirante, il part faire des tournées de démonstration dans le sud de l'Italie pour faire découvrir des films muets sonorisés en cabine, une sorte de "Play Back" avant la lettre.

 

En 1934, de nouveau à Turin, il participe à la rédaction du scénario du film "Don Bois" de Goffredo Alexandrins sans cependant apparaître comme crédité dans la distribution. Il est ensuite appelé à Paris par Peppino Cher et Mario Bonnard pour réaliser le scénario du film "Le comte de Bréchard", (1938). C'est à ce moment que son statut de scénariste s'engage dans une grande aventure qui se terminera à sa mort. Il va collaborer au scénario de plus d'une trentaine de films de la période du "néoréalisme" et autant après 1955.

 

Comme lui, des réalisateurs italiens tels que Rossellini, Vittorio De Sica, Visconti commencent à s'orienter vers le nouveau cinéma socio-populaire en organisant des soirées de réflexions intenses sur la nécessité et les moyens de "cette nouvelle vague italienne". Car, au sortir de la guerre on manque de tout et surtout de plateaux de tournage. Il faut aller dans la rue. Il faut, comme le clamait déjà Zavattini en 1935, "descendre dans la rue, filmer les casernes, les gares; ainsi seulement pourra naître un nouveau cinéma italien".

 

            Sergio Amidei va se révéler comme l'un des principaux chefs de file de ce cinéma social et va collaborer avec les principaux réalisateurs déjà cités, notamment dans deux films des plus représentatifs du genre, savoir : "Rome, ville ouverte" (1945) en tant qu'assistant réalisateur et Sciuscia" (1946) pour lequel il sera nominé en 1947 au Festival de Venise pour le scénario. Citons encore "Paisà" de Roberto Rossellini film pour lequel Amidei sera également nominé aux "Nostris d'Argento" en 1949. Il commença une participation aux travaux préparatoires du "Voleur de bicyclette" de De Sica, (1948) mais en raison de divergences idéologiques avec le réalisateur, il préféra se retirer. C'est l'écrivaine de cinéma, Suso Cecchi d'Amico, une autre grande scénariste du néoréalisme, qui réécrira le scénario.

 

Parallèlement à cette perspective de renouveau du cinéma italien, il fonde, en 1949, "Colonna Films", une société de production qui devait justement concourir à faciliter l'accès des plus jeunes réalisateurs de cette période à l'épanouissement des nouveaux canons cinématographiques, à partir du support social qu'offre la vie quotidienne dans le registre satirico-comique. En réalité, "Colonna Films" ne produira que trois films, tous de Luciano Emmer : "Domenica d'agosto" (1950), "Goya" (1951) et "Picasso" (1954), les deux derniers étant des documentaires consacrés à la vie des peintres.

 

La période originale du néoréalisme italien touche à sa fin et au début des années 1960, avec "Viva Italia" ou "La fugua" le néoréalisme fera illusion en donnant l'impression d'une continuité de l'harmonie dans la transformation sociale. Ensuite, il tentera le cinéma de "genre" avec "Maigret à Pigalle" de Mario Landi (1967) ou encore "La più bella serata della mia vita" (La plus belle soirée de ma vie) d'Ettora Scola et il s'essaiera même à la comédie dont on peut citer "Colpo di sole (Coup de soleil) de Mino Guerrini (1968). Il signera encore le scénario de deux très belles réalisations avec "Un Borghese piccolo piccolo" (Un bourgeois tout petit petit) de Mario Monicelli avec Alberto Sordi (1977) et "Storie di ordinaria follia", (Conte de la folie ordinaire) de Marco Ferreri (1981). Dix pages ne suffiraient pas à exprimer l'homme et le scénariste, et la contribution qu'il a apportée au cinéma italien d'après guerre, avec sa consoeur Suso Cecchi d'Amico, est considérable.

 

Il convient de signaler enfin la Fondation, en 1981, de "PREMIO SERGIO AMIDEI PER LA MIGLIORE SCENEGGIATURA" de Gorizia (Italie) équivalent du prix Louis Delluc italien, récompensant le meilleur scénario parmi les réalisateurs et scénaristes italiens et étrangers dont les films ont préalablement été sélectionnés et nominés par un jury composé de personnalités du milieu cinématographique.

 

* Sergio Crechici, critique, scénariste et écrivain du cinéma italien.

 

 

Filmographie : en qualité de scénariste, dialoguiste et adaptateur

 

1935 - Don Bosco de Goffredo Alessandrini avec Gian Paolo Rosmino (scénario non crédité )

1938 - Il Conte di Brechard de Mario Bonnard avec Camillo Pilotto (scénario non crédité)

1938 - Amicizia (Amitié) d' Oreste Biancoli avec Nino Besozzi (non crédité)

1938 - Lotte nell'ombra de Domenico Gambino avec Paola Barbara

1939 - Traversata nera de Domenico Gambino avecCamillo Pilotto

1939 - La notte delle beffe de Carlo Campogalliani avec Amedeo Nazzari

1939 - Cose dell'altro mondo de Nunzio Malasomma avec Antonio Gandusio

1940 - Arditi civili de Domenico Gambino avec Guido Celano

1940 - Cuori nella tormenta (Coeurs dans la tourmente) de Carlo Campogalliani avec Camillo Pilotto

1940 - Dopo divorzieremo (Après, nous divorcerons) de Nunzio Malasomma avec Vivi Gioi

1941 - El marido provisional de Nunzio Malasomma avec Roberto Ray

1941 - Il prigioniero di Santa Cruz (Le prisonnier de Santa Cruz) de Carlo Ludovico Bragaglia avec Maria Mercader

1941 - Il pozzo dei miracoli (Le puits des miracles) de Gennaro Righelli avec Luigi Almirante

1941 - L’ultimo ballo (Le dernier bal) de Camillo Mastrocinque avec Elsa Merlini

1941 - Giungla (Jungle) de Nunzio Malasomma avec Vivi Gioi

1942 - Regina di Navarra (La reine de Navarre) de Carmine Gallone avec Gino Cervi

1942 - Gioco pericoloso (Jeux dangereux) de Nunzio Malasomma avec Paolo Stoppa

1942 - La bisbetica domata (La mégère apprivoisée) de Ferdinando Maria Poggioli avec Paolo Stoppa

1942 - Don Cesare di Bazan de Riccardo Freda avec Paolo Stoppa

1942 - Gelosia (Jalouise) de Ferdinando Maria Poggioli avec Roldano Lupi

1943 - Sogno d'amore (Rêve d’amour) de Fernandino Maria Poggioli avec Olga Capri

1943 - Il Figlio del corsaro rosso (Le fils du corsaire rouge) de Marco Elter avec Memo Benassi

1943 - Gli Ultimi filibustieri (Les derniers flibustiers) de Marco Elter avec Osvaldo Valenti,

1943 - Harlem (Knock out) de Carmine Gallone avec Osvaldo Valenti

1943 - Tristi amori (Tristes amours) de Carmine Gallone avev Gino Cervi

1943 - T'amerò sempre (Je t’aimerai toujours) de Mario Camerini avec Jules Berry

1943 - Addio, amore! de Gianni Franciolini avec Jacqueline Laurent

1944 - Il Cappello da prete (Le chapeau du prêtre) de Ferdinando Maria Poggioli avec Roldano Lupi

1946 - Fatalità (Fatalité) de Giorgio Bianchi avec Massimo Girotti

1946 - Sciuscià de Vittorio de Sica avec Franco Interlenghi

1946 - Paisà de Roberto Rossellini avec William Tubbs

1947 - L’Altra de Carlo Ludovico Bragaglia avec Fosco Giachetti

1947 - Cronaca nera de Renato Castellani avec Luisa Rossi

1947 - Anni facili de Giorgio Bianchi avec Maria Denis

1948 - Germania anno zero (Allemagne, année zéro) de Roberto Rossellini avec Franz Kruger (non crédité)

1949 - Patto con diavolo (Pacte avec le diable) de Luigi Chiarini avec Eduardo Ciannelli

1950 - Stromboli de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman

1950 - Vita da cani (Une vie de chien) de Steno et Mario Monicelli avec Aldo Fabrizi

1951 - Parigi è sempre Parigi (Paris est toujours Paris) de Luciano Emmer avec Aldo Fabrizi

1952 - Le Ragazze di piazza di Spagna (Le garçon de la place d’Espagne) de Luciano Emmer

avec Eduardo De Filippo

1952 - La macchina ammazzacattivi de Roberto Rossellini avec Giacomo Furia

1953 - Les amants de Villa Borghese (Villa Borghese) de Gianni Franciolini avec Eduardo De Filippo

1953 - Gelosia (Jalousie) de Pietro Germi avec Alessandro Fersen

1954 - Guerra e pace de Luciano Emmer (documentaire)

1954 - Terza liceo de Luciano Emmer avec Anna Maria Sandri

1954 - Una pelliccia di visone de Glauco Pellegrini avec Paolo Stoppa

1954 - Cronache di poveri amanti (Histoire des pauvres amants) (épisode: Elisabeth) de Carlo Lizzani

avec Antonella Lualdi

1954 - Il Letto (Secrets d'alcove) (épisode: Le divorce) d’Henri Decoin avec Vittorio De Sica 

1955 - Incubo - Non credo più all’amore - Paura (Cauchemar) de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman

1955 - Racconti romani (Histoires romaines) de Gianni Franciolini avec Antonio Cifariello

1956 - Peccato di castità de Gianni Franciolini avec Antonio Cifariello

1956 - Il Bigamo (Le bigame) de Luciano Emmer avec Marisa Merlini

1957 - Il Momento più bello (Le moment le plus beau) de Luciano Emmer avec Marisa Merlini

1958 - Racconti d'estate (Les Femmes d'un été) de Gianni Franciolini avec Gabriele Ferzetti

1959 - Il Generale della Rovere ( Le Général de La Rovere) de Roberto Rossellini avec Vittorio De Sica

1960 - Era notte a Roma (Les évadés de la nuit) de Roberto Rossellini avec Paolo Stoppa

1961 - Fantasmi a Roma d' Antonio Pietrangeli avec Eduardo De Filippo

1961 - Viva l'Italia! (A l’italienne) de Roberto Rossellini avec Paolo Stoppa

1962 - Una Domenica d'estate (Un dimanche d’été) de Giulio Petroni avec Ugo Tognazzi

1962 - Anni ruggenti (Les années folles) de Luigi Zampa avec Nino Manfredi

1962 - Copacabana Palace de Steno avec Walter Chiari

1963 - Il Processo di Verona (Le Procès de Verone) de Carlo Lizzani avec Giorgio De Lullo

1963 - Liolà d' Alessandro Blasetti avec Ugo Tognazzi

1964 - La vita agra de Carlo Lizzani avec Ugo Tognazzi

1964 - La fuga (La fugue) de Paolo Spinola avec Enrico Maria Salerno

1966 - Smoke Over London (Le brouillard de Londres) d’Alberto Sordi avec Fiona Lewis

1966 - L’Estate de Paolo Spinola avec Enrico Maria Salerno

1967 - Scusi, lei è favorevole o contrario? d’Alberto Sordi avec Anita Ekberg

1967 - Cinque marines per Singapor (Cinq gars pour Singapour) de  Bernard T. Michel avec Marc Michel

1967 - Maigret à Pigalle de Mario Landi avec Gino Cervi

1968 - Il medico della mutua de Luigi Zampa avec Alberto Sordi

1968 - Colpo di sole (Coup de soleil) de Mino Guerrini avec Antonella Steni

1969 - Il Prof. Dott. Guido Tersilli, primario della clinica Villa Celeste convenzionata con le mutue

de Luciano Salce avec Claudio Gora

1970 - Il Presidente del Borgorosso Football Club de Luigi Filippo D'Amico avec Daniele Vargas

1971 - Detenuto in attesa di giudizio de Nanni Loy avecGianni Bonagura

1972 - La più bella serata della mia vita (La plus belle soirée de ma vie) d’Ettore Scola avec Janet Agren

1973 - Anastasia mio fratello ovvero il presunto capo dell'Anonima Assassini de Steno avec Alberto Sordi

1977 - Gran bollito de Mauro Bolognini avec Mario Scaccia

1977 - Un Borghese piccolo piccolo (Un bourgeois tout petit petit) de Mario Monicelli avec Alberto Sordi

1978 - Le Témoin (Il testimone) de Jean-Pierre Mocky avec Alberto Sordi

1981 - Storie di ordinaria follia (Conte de la folie ordinaire) de Marco Ferreri avec Ben Gazzara (adaptation, scenario)

1982 - Il mondo nuovo (La nuit de Varennes) d’Ettore Scola avec Jean-Louis Barrault

 

 

Filmographie en qualité de Producteur :

 

1950 - Domenica d'agosto (Dimanche d’aôut) de Luciano Emmer avec Massimo Serato

1951 - Goya de Luciano Emmer (Documentaire)

1954 - Picasso de Luciano Emmer (Documentaire)

 

 

Filmographie en qualité d’assistant réalisateur :

 

1938 - Pietro Micca de Aldo Vergano avec Guido Celano (scénario et 1er assistant réalisateur)

1945 - Roma, città aperta de Roberto Rossellini avec Anna Magnani (non crédité: 1er assistant réalisateur)

 

 

© Louis AUBERT  pour Les Gens du Cinéma (mise à jour 09/10/2006)